Ateliers de travail

Deux ateliers de travail réunissant la majorité des experts de La Réunion et des Mascareignes dans le domaine de la protection de l’environnement ont été organisés en septembre 2009 puis en juin 2010.

Premier atelier de travail, 23 septembre 2009 

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L’objectif du premier atelier était de présenter le projet à tous les acteurs locaux, rappeler ses objectifs, les premiers travaux et études déjà réalisés, travailler sur la liste des espèces à réintroduire et décider des zones sur lesquelles auraient lieu les opérations de restauration et de reconstitution.

Le choix des zones de restauration s’est fait selon trois critères :
– l’état de dégradation du milieu : il est généralement préférable d’intervenir sur les milieux les moins dégradés et présentant encore une certaine fonctionnalité. En effet, les résultats seront meilleurs que si les travaux portent sur des milieux fortement envahis et déstructurés, et ce à moindre coût.
– la représentativité des habitats : on peut choisir de restaurer une poche de végétation indigène plus dégradée qu’une autre en raison de l’habitat que l’on y rencontre. Les travaux du CBNM, dans le cadre des MCTT, ont ainsi permis d’identifier plusieurs micro-habitats, au sein de la végétation semi-xérophile, dont certains sont plus menacés que d’autres. Il a été décidé que chaque micro-habitat devrait être représenté lors du choix des parcelles.
– l’accessibilité des parcelles : il est nécessaire, pour des raison de sécurité, d’organisation et de coûts, que les parcelles soient situées dans des zones qui ne soient pas trop verticales et qui ne nécessitent pas un temps d’approche trop long. Or, la survie des reliques de forêt semi-xérophile est souvent liée à leur isolement, vis-à-vis des incendies, des prélèvements et à une échelle moindre des invasions biologiques. Ce critère n’a donc pas été facile à respecter mais l’expérience et l’endurance des ouvriers forestiers en charge des travaux face à des conditions de terrain délicates a permis de dépasser ces limites.
– La maîtrise foncière : il est primordial que les travaux se déroulent sur des terrains appartenant à la puissance publique afin de sécuriser les résultats obtenus (pression urbaine très forte sur le massif de la Montagne) et de permettre un entretien des parcelles après travaux.
Dix parcelles de restauration, réparties sur 3 ravines (Tamarins, Grande-Chaloupe et Petite-Chaloupe) et situées entre 150 et 600m d’altitude ont ainsi été sélectionnées.

Le choix de la zone de reconstitution a répondu essentiellement aux critères suivant :

– accessibilité : l’ampleur des travaux à réaliser a orienté le choix de la parcelle vers une zone peu pentue, d’un seul tenant et relativement accessible.
pédagogie : il est important que ce chantier puisse à terme être visité, ou du moins qu’il soit visible, par la population locale. L’appropriation du projet par les Réunionnais est en effet un point essentiel pour sa réussite à moyen et long terme et pour s’assurer du soutien des collectivités et des élus locaux.
La planèze située entre les ravines de la Petite-Chaloupe et de la Grande-Chaloupe, et traversée par le Chemin des Anglais, a ainsi été retenue pour y réaliser les travaux de reconstitution sur une zone de 9 hectares d’un seul tenant. La savane arborée qui y était présente avant le projet et qui sera partiellement conservée, servira également de référentiel pour les actions de sensibilisation.

Carte des zones d’intervention du projet :

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Concernant les espèces à replanter, une première liste issue d’échanges entre la cellule LIFE+ COREXERUN et plusieurs botanistes locaux a été proposé aux participants qui l’ont divisée en 2 groupes. Le premier, constitué d’une dizaine d’espèces indigènes à croissance rapide, résistantes à la sécheresse et rejetant de souche (en cas d’incendie notamment), était destiné à alimenter la première vague de plantation. Le deuxième groupe, constitué des espèces indigènes restantes, une trentaine au total, devait être réintroduit en complément, lors d’une deuxième vague de plantation.

L’intérêt de procéder à deux vagues de plantation était de faire profiter de conditions plus ombragées, grâce aux espèces pionnières plantées lors de la première vague, aux espèces sensibles à l’exposition au plein soleil et à la sécheresse. Cette façon de répartir les espèces a finalement été abandonnée en raison du faible laps de temps entre les deux vagues de plantation, un an, qui n’aurait pas laissé le temps aux espèces pionnières de fournir l’ombrage et aurait compliqué la plantation en obligeant à revenir planter dans des zones déjà aménagées l’année d’avant. Enfin, la première vague de plantation aurait représenté la majeure partie des plants, ce qui était peu compatible avec le nombre de semences récoltées à l’époque. Une mise en terre de toutes les espèces au même moment a donc finalement été privilégiée. Seules les espèces à croissance très lente ne seront plantées que lors de la deuxième année de plantation.

Les 48 espèces ont alors été regroupées en trois groupes, selon le nombre d’individus à réintroduire :
1) celles à replanter en grande quantité : une dizaine d’espèces communes, pionnières, héliophiles, généralement faciles à récolter ont été identifiées.

2) celles à replanter en quantité plus limitée : une douzaine d’espèces plus rares à l’état naturel, un peu moins rustiques et plus délicates à produire.

3) celles à replanter en faible quantité : environ 25 espèces rares, protégées, sciaphiles pour certaines d’entre elles, difficiles à récolter et/ou à produire.

>> Consulter la liste des 48 espèces réintroduites.

Cette répartition entre espèces a bien évidemment été revue au fil du temps, selon la disponibilité en semences et les résultats de germination. Certaines espèces comme le Bois d’olive noir (Olea europaea subsp. africana) ne seront finalement que peu replantées en raison d’un taux de germination en pépinière extrêmement faible. A l’inverse, d’autres espèces ont été produites en plus grand nombre que prévu comme l’Affouche à grandes feuilles (Ficus rubra).

L’intérêt de travailler sur une liste aussi large est de tester un nombre important d’espèces. Jusqu’à présent, les plantations d’espèces indigènes réalisées à La Réunion se sont souvent limitées à une gamme réduite d’espèces réputées rustiques. Les résultats du suivi de la plantation devraient ainsi permettre aux gestionnaires d’avoir accès à des données chiffrées pour un panel bien plus important d’espèces assimilées au milieu semi-xérophile.

Le relevé de conclusions exhaustif de cet atelier de travail est disponible grâce au lien suivant : Relevé de conclusions de l’atelier de travail n°1.

 

Deuxième atelier de travail, 28 juin au 2 juillet 2010

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L’organisation d’un deuxième atelier de travail fut l’occasion d’accueillir les experts mauriciens de la MWF, des services forestiers et de l’Université, en plus des personnes de référence déjà mobilisées lors du premier atelier.
L’objectif de ce deuxième évènement était de partager les expériences de chacun et de définir avec précision les actions de terrain à mettre en place.

Pour ce faire, deux sorties de terrain préparatoires furent organisées avant les travaux en salle, afin de bien appréhender le milieu et les conditions dans lesquelles les chantiers auront lieu.
Les travaux en salle se sont répartis selon trois groupes / thématiques :
1) le(s) protocole(s) de restauration écologique
2) le(s) protocole(s) de reconstitution et la liste d’espèces à réintroduire
3) la gestion de la faune exotique problématique et la pertinence de réintroductions animales à moyen/long terme.
Pour chaque groupe de réflexion, une restitution devant l’ensemble de l’audience a permis une validation collégiale.

Le premier groupe, travaillant sur la restauration, s’est concentré sur l’identification des grandes actions prioritaires pour sauvegarder la forêt semi-xérophile ainsi que sur la définition plus fine des travaux à mettre en place pour chacune des 10 parcelles. Ces dernières ont été préalablement réunies en 5 groupes, selon leur niveau de dégradation, nécessitant des actions et des niveaux d’intervention différents.

Le deuxième groupe, concerné par la reconstitution, a abouti à une validation définitive de la liste d’espèces indigènes à replanter,l’apport de connaissances sur la récolte et la multiplication de ces dernières, et la définition des grands principes qui doivent guider leur mise en culture, la lutte contre les espèces exotiques envahissantes présentes sur la planèze, la plantation ainsi que le suivi et l’entretien des parcelles.

Le troisième groupe a quant à lui défini les techniques les plus efficaces pour lutter contre le Rat (Ratus ratus) et l’Achatine  (Lissachatina immaculata) qui sont les deux principales espèces animales exotiques pouvant représenter un danger en raison de leur prédation sur certaine plantes indigènes (Pouzolzia laevigata et Obetia ficifolia notamment). Ces luttes restent conditionnées à l’observation d’une prédation sur ces espèces. Concernant la réflexion sur la réintroduction d’espèces animales, l’objectif était de l’amorcer plus que d’en tirer des conclusions. En effet, ce point n’a pas été inclus dans le montage du projet LIFE+ COREXERUN mais pourrait concerner un futur projet de restauration à la Grande-Chaloupe ou ailleurs mais il semblait pertinent d’en poser les bases à l’occasion de cet atelier de travail. Il s’agissait également de profiter de l’expertise des experts mauriciens dans le domaine, la MWF travaillant sur ces thématiques de relation faune/flore depuis longtemps avec des expériences concrètes de réintroduction.

Le relevé de conclusions exhaustif de cet atelier de travail est disponible grâce au lien suivant : Relevé de conclusions de l’atelier de travail n°1.